FUITE ET POÉSIE
La parole de l’invisible est
fuyante, du moins, elle m’échappe dans cette expérience. Pour Georges Didi-Huberman
« n’apparait que ce qui fut capable de se dissimuler d’abord » (1998,
p. 15.). Je me demande, alors, comment reconnaître une parole invisible ou
une parole de l’invisible. Le caractère invisible d’une parole porte une
incompréhension. Y résoudre, sans lui donner un sens, pourrait être de mettre
en figure cette incompréhension, de figurer le changement que le RIEN
communique (Blanchot, 1969, p.309). Et cette figure apparaitrait comme la
parole de l’invisible. Le changement marquant, par son inclinaison, les pertes
de contrôles éprouvées. Ainsi, en donnant à voir le changement, existeraient
l’expression et la pensée du réel.
Du fragment naîtrait la trace,
comme restitution de l’émotion de l’espace relationnel invisible. Elle naîtrait
de l’intensité ; celle vécue au plus près de l’événement. Elle serait poésie
liée au RESTE, au bout des possibles.
Par sa forme vulnérable, la trace
est une façon de regarder et d’exprimer l’expérience intérieure. Selon
Bataille, dans L’expérience intérieure (2014, p.156), « la poésie (…) est
(…) le sacrifice où les mots sont victimes ». Le sacrifice de la trace,
dans cette perspective, serait le rapport d’organisation, c’est-à-dire l’opération
de restriction du système en jeu. L’intensité des sensations qui détruit
l’ordre, comme poésie et où le non-savoir se manifeste par le fragment.
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